LOUBABA LAÂLAJ OU "LA FORME LA PLUS PURE"

           LOUBABA LAÂLAJ OU 

« LA FORME LA PLUS PURE »

Femme cultivée née à Fès et ayant grandi en France où elle avait suivi des études de journalisme, carrière qu’elle abandonna pour des raisons personnelles, Laïla Laâlej, qui signe ses tableaux « Loubaba », manipule le pinceau depuis quelque vingt années, d’abord par vocation puis poussée par un désir curieux qui l’entraîne dans des explorations imaginaires à la mesure de ses exigences intellectuelles. Elle a eu l’occasion de montrer quelques-unes de ses œuvres dans le cadre des rencontres organisées par Métiss’art à Marrakech, à Casablanca, à Oujda et, dernièrement à Meknes…, encouragée en cela par des amateurs d’art et des gens de métier. Lecture dans son travail. Pour Laïla Laâlej, la peinture est une seconde vie, comme l’écrivait Gérard de Nerval dans son livre Aurélia, à propos du rêve, attendu que sa palette et son iconographie renferment une bonne dose d’onirisme, un onirisme oscillant entre le sommeil hypnagogique et les rêves éveillés. Bien qu’ayant peu exposé, Laïla Laâlej commence à investir la scène plastique marocaine, animée en cela par ce sentiment de prudence compréhensible chez une artiste qui dit avoir toujours peint « pour soi-même » (nous serions tenté de dire maintenant « contre elle-même », l’acte plastique étant par essence « cet étrange défi lancé à l’altérité, un interminable et conflictuel va-et-vient de soi au monde et de soi à soi, (pour reprendre une citation de l’écrivain et philosophe français Maurice Blanchot).



Les réalisations de Laïla Laâlej révèlent un talent indéniable pour sa connaissance intuitive des formes et des couleurs, lesquelles sont en perpétuel dialogue avec son moi profond. Certes, elle a transité au départ par plusieurs styles d’expression (abstraite, semi abstraite, matiériste…), c’était comme autant d’expériences liées à toute recherche qui se prend le temps de s’affermir, de mûrir. Une recherche qui a amené l’artiste à mettre au point un ensemble d’œuvres de moyens formats (qu’elle compte exposer l’année 2017 à titre personnel), d’allure néo-figurative, relativement à ce courant occidental qui fit fortune dans les années 60/70 du siècle dernier en France notamment. La nouvelle figuration de Laïla Laâlej ne relève pas de sa seule sensibilité qui fait le cas échéant de percées audacieuses dans le réel, mais aussi d’une « difficulté d’être » existentielle, dont elle a gardé souvenir ; aussi l’élément personnage qu’elle peint à plusieurs reprises, dans des attitudes parfois discrètes, parfois franchement démonstratives et ludiques, met en relief son recours significatif à des couleurs secondaires et froides, d’une complicité sous jacente, traitées celles-ci avec infiniment de nuances. La palette tend parfois aussi à devenir illustrative, avec un certain intérêt pour ce qu’on appelle « le sujet », ici un sujet non directement destiné à renseigner sur quelque chose, mais que récupère vite le souci de la composition et l’application tant soit peu exigeante des fondamentaux de la peinture (lumière, espace, couleurs, formes, support, etc.)



La néo-figurative que nous voyons en Laïla Laâlej développe pour ainsi dire une vision du réel qui passe par l’imaginaire, et qui n’hésite pas de verser dans une symbolisation schématique de certaines formes (florales, un tantinet paysagères, de facture brutes aussi), le tout fleurant cette atmosphère de rêve « nervalien » dont nous parlions, ce qui fait d’elle une sensitive à la fois lyrique et fantasque, à l’énergie créative porteuse de valeurs sûres.

Abderrahman Benhamza

Poète et critique d’art


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